Date de mise à jour : 23/05/2024 | Date de publication : 18/05/2022 | Temps de lecture : 3 minutes
Le fioul domestique représente la 3ème énergie de chauffage en France avec 3.5 millions de ménages, surtout situés en zone rurale, qui l’utilisent. Cependant, ce fioul traditionnel a une forte empreinte écologique et un lourd bilan carbone. Pour répondre aux enjeux environnementaux, le biofioul est arrivé officiellement le 1er juillet 2022 sur le marché. Mais qu’est-ce que le biofioul ? Votre chaudière y est-elle adaptée ? Décryptage :
Qu'est-ce que le biofioul ?
Le biofioul se présente comme une alternative écologique et viable au fioul domestique traditionnel 100% fossile. Mais de quoi est-il composé ? Le biofioul est simplement du fioul traditionnel auquel on ajoute un biocomposant, souvent abrégé en EMAG (ester méthylique d’acides gras).
Ce biocomposant est l’ester méthylique de colza qui permet au fioul de devenir un biocombustible. Ce biofioul n’est pas une nouveauté sur le territoire Français. Il y a déjà sur le marché des grossistes proposant du fioul avec 5 à 7% de biocomposants. Par exemple, Bolloré Energy ou Dyneff en proposent déjà depuis plusieurs années.
Le biofioul est entré en vigueur en France en 2022 et se déploie progressivement sur l’ensemble du territoire. Mais d’où provient tout ce colza pour produire du biofioul ? Pas de panique, la France est le premier producteur européen de colza. Même avec l’arrivée en grande quantité du biofioul, la France a largement de quoi répondre à la demande de colza avec ses 80 000 producteurs et ses 500 coopératives et négociants. La France se place donc en tête des producteurs européens de colza devant l’Allemagne et la Pologne.
Outre le fait qu’il intègre moins de fioul fossile dans sa composition, en quoi le biofioul est-il vraiment plus écologique ? Pour répondre à cette question il suffit de comparer les émissions de CO2. Le fioul 100% fossile émet environ 270 grammes de CO2 par kWh tandis que le biofioul n’émet que 60 grammes de CO2 par kWh. C’est aussi en cela que le biofioul se présente comme le fioul capable de répondre aux normes de pollution fixées par l’État français et de contribuer à une France décarbonée à l’horizon 2040.
Mais alors, est-ce que le biofioul dégage lui aussi une odeur qui peut être désagréable ? Sur le plan olfactif les EMAG sont inodores. En résumé, un biofioul F30 (30% de colza) aura donc un impact olfactif moins important que le fioul 100% fossile. Veuillez noter toutefois qu’une installation conforme et sécurisée permet de ne pas sentir l’odeur désagréable que peut parfois émettre le fioul.
Faut-il changer ma chaudière et mon bruleur avec le biofioul ?
Une fois le biofioul présenté, l’une des principales questions est de savoir si votre chaudière sera compatible avec le biofioul. En France, à partir du 1er Juillet 2022, il est interdit d’installer une chaudière au fioul 100% fossile. C’est le deuxième changement au premier juillet de cette année. Cette mesure est entrée en vigueur suite au décret gouvernemental n° 2022-8 du 5 janvier 2022. Il interdit, au 1er Juillet 2022, l’installation de nouveaux systèmes de chauffage consommant des combustibles émettant plus de 300 grammes de CO2 par KWh. Cependant cet arrêté concerne seulement les installations des nouvelles chaudières. Soyez rassurés, si votre chaudière fonctionne, vous n’avez donc pas l’obligation de la changer. Par contre, en cas de panne irréparable, vous pourrez la remplacer par une chaudière fonctionnant avec du biofioul F30.
Mais alors ma chaudière peut-elle supporter le biofioul ? Aujourd’hui, d’après leurs spécifications techniques, la très grande majorité des chaudières adaptées au fioul traditionnel pourront utiliser du biofioul type F10. En revanche, il vous faudra nettoyer votre cuve en avance afin de recevoir ce biofioul dans des conditions optimales. Concernant la chaudière et l’utilisation de biofioul F10, il n’est pas nécessaire de changer de chaudière ni même de bruleur. Toutefois, les acteurs de la filière recommandent de changer le bruleur pour améliorer le rendement de votre installation.
Quant au fioul F30, pour les chaudières actuellement en service, il faudra procéder à un changement de bruleur pouvant accueillir du biofioul F30. Coté portemonnaie, l’opération d’un changement de bruleur est estimée entre 1000 et 2000 euros. Même avec un nouveau bruleur vous pourrez continuer à utiliser du fioul traditionnel, un simple réglage sur le bruleur sera nécessaire.
Quel est le prix du biofioul ?
L’état du portefeuille est aussi un paramètre à prendre en compte quand on parle de biofioul, n’est-ce pas ? Choisir son fioul vous aide à y voir plus clair. Vous serez peut-être surpris mais le prix du biofioul n’est pas systématiquement plus couteux, au contraire !
On estime le biofioul environ 15% plus cher que le fioul 100% fossile. Cependant, vous n’êtes pas sans savoir que le fioul traditionnel ne cesse d’augmenter en atteignant des niveaux jamais vus. Aujourd’hui il est évalué à plus de 1200 euros les 1000 litres. Cette augmentation tend à réduire voir à effacer la différence avec le biofioul. De plus, le bruleur d’une chaudière influe sur la consommation de celle-ci. Ainsi, une chaudière avec un bruleur récemment changé consommera moins qu’une vielle chaudière. Le consommateur verra donc une économie sur sa facture de chauffage. C’est une bonne nouvelle, non ?
Concernant les taxes, il n’y a pour l’instant pas d’exonération de taxes pour les consommateurs qui choisiront du biofioul. Mais le Sénat français a un envoyé un signal encourageant en votant en décembre 2020 un taux fiscal incitatif sur la consommation des produits énergétiques (TICPE) pour les biocomposants.
Quel est la différence entre le biofioul F10 et F30 ?
Aussi appelés par certains du biofioul B10 et B30, les fioul F10 et F30 sont deux types de biofioul. Le premier correspond à une part de EMAG (ester méthylique d’acides gras) de 10% dans le fioul. Le F30, lui, contient une part de 30% d’EMAG.
À l’avenir, la filière biofioul ambitionne de proposer un biocombustible liquide majoritairement renouvelable. Il contiendrait 55% d’EMAG minimum et serait disponible en 2025 ou 2026. L’objectif 2030 serait de proposer un bioliquide de chauffage à 100% renouvelable.